Il peut sembler évident de dire la vérité sur vos résultats de recherche, mais dans la pratique, cela peut s’avérer plus complexe qu'il n'y parait. Lorsqu’on est soumis à la pression des dirigeants ou des parties prenantes, lorsqu’on a déjà investi des ressources considérables, ou encore lorsque les attentes sont élevées, la tentation peut être grande de présenter les résultats sous un jour plus favorable qu'ils ne le sont réellement. Pourtant, il est crucial de reconnaître et de communiquer les limites de vos conclusions.
Les résultats que vous présentez ne proviennent que d'une étude spécifique et ne peuvent pas être généralisés à l'ensemble de votre population d'utilisateurs. Par exemple, il est essentiel de rappeler aux parties prenantes que les résultats sont basés sur un échantillon de participants, et non sur l'ensemble des utilisateurs. Les études UX permettent d'obtenir des informations précieuses sur la nature véritable d'une population d'utilisateurs, mais elles ne sont pas destinées à être extrapolées au-delà des participants de l'étude.
Souvent, les gestionnaires sont désireux d'entendre des résultats qui confirment leurs attentes ou leurs biais internes. Cependant, ce n'est pas l'objectif de la recherche. Le but est de découvrir la vérité, même si elle va à l'encontre des idées préconçues. En tant que chercheur UX, votre responsabilité est de rester fidèle aux données, même lorsque cela peut entraîner des conclusions désagréables pour vos supérieurs ou vos clients.
Les études qualitatives sont particulièrement riches en informations, mais elles peuvent également prêter à des malentendus si elles ne sont pas bien communiquées. Parfois, vous pouvez découvrir des éléments inattendus grâce à la recherche, et il est de votre responsabilité de défendre ces résultats, même s'ils vont à l'encontre de l'intuition des parties prenantes.
Prenons un exemple : vous menez une étude qualitative pour évaluer une nouvelle conception. Après avoir testé la conception sur cinq utilisateurs, vous constatez que tous préfèrent la nouvelle version. Il peut être tentant de généraliser en disant que "les utilisateurs préfèrent la nouvelle conception". Cependant, une approche plus honnête consisterait à dire : "Cinq utilisateurs sur cinq testés ont préféré la nouvelle conception."
Cette deuxième option, plus transparente, fournit un contexte important et peut être bénéfique à long terme. Par exemple, en présentant les résultats de manière honnête, vous ouvrez la porte à une discussion sur les prochaines étapes, telles que la validation des résultats par des analyses quantitatives ou d'autres études. La transparence dans la communication des résultats encourage une culture de recherche basée sur l'honnêteté et la rigueur, ce qui est bénéfique pour l'ensemble de l'organisation.
Même dans le cadre d'études quantitatives, où les chiffres semblent parler d'eux-mêmes, il est crucial de ne pas surinterpréter les résultats. Il est important d'inclure des éléments tels que les intervalles de confiance, les barres d'erreur ou encore la probabilité que le résultat observé ait pu se produire de manière aléatoire pour donner une image précise de ce que les données révèlent réellement.
En effet, ces éléments permettent de nuancer les résultats et d'éviter une communication trop optimiste ou simpliste des données. Par exemple, une augmentation apparente du taux de conversion pourrait ne pas être statistiquement significative, ou les résultats pourraient varier considérablement en fonction du segment d'utilisateur. Dans ce contexte, éduquer les parties prenantes sur les limites et les implications des résultats quantitatifs peut non seulement renforcer la crédibilité de votre recherche, mais aussi guider des décisions plus éclairées.
En sensibilisant vos parties prenantes à l'importance des limitations de la recherche, vous les aidez à comprendre que la recherche UX n'est pas un outil de validation des décisions déjà prises, mais un moyen d'acquérir une compréhension plus profonde des besoins et comportements des utilisateurs. Cette approche préventive permet de réduire les risques d'investir des ressources dans des directions basées sur des données mal interprétées ou surévaluées.
Exagérer les résultats de vos recherches ou les présenter sous un jour trop favorable comporte des risques réels. Premièrement, votre entreprise pourrait prendre des décisions mal informées, engageant ainsi des ressources importantes dans des projets basés sur des conclusions erronées. De plus, la réputation et la crédibilité du chercheur UX sont en jeu. Les petites exagérations ou extrapolations, si elles sont découvertes, peuvent éroder la confiance que les parties prenantes accordent à la recherche UX.
La transparence, même lorsqu'elle révèle des résultats décevants, est toujours préférable pour la crédibilité à long terme du chercheur. Il vaut mieux présenter un rapport de recherche qui n'est pas entièrement satisfaisant, mais honnête, que de risquer de gaspiller des ressources et de perdre la confiance en minimisant ou en dissimulant les limitations de votre recherche.
En fin de compte, une communication honnête et rigoureuse des résultats de recherche UX permet de construire une base solide de confiance entre les chercheurs et les parties prenantes. Cette confiance est essentielle pour faire progresser une culture d'innovation où les décisions sont prises en se basant sur des données fiables et une compréhension authentique des utilisateurs.